natation pour tous ?
Vacances, piscine.
Lonesom'girl sait qu'elle doit s'améliorer en natation pour arriver à être à l'aise cet été en colo parmi un groupe d'ado qui va hurler, sauter, plonger, s'entrecouler. Je doute qu'elle soit un jour à l'aise dans ce genre d'ambiance, mais qu'au moins elle ne se laisse pas gagner par la panique lui irait déjà parfaitement (à moi aussi).
Donc piscine, petit puis grand bassin avec préa ado sus cités. ça va, je ne suis pas loin, je la regarde nager, se faire aborder, répondre maladroitement (ou pas), rentrer dans tout le monde, puis les éviter soigneusement, pour finir par examiner tout ça avec beaucoup d'intérêt d'un endroit stratégique. Et si on poussait Lonesom'Girl à faire un bac + 20 avec une thèse au bout : "psycho-sociologie du sujet neurotyoique ?". Je pense que ses pairs sont pour ma fille un sujet d'étude et d'étonnement sans fin :
- pourquoi se bousculer pour aller sur un tobagan aquatique alors que visiblement, ça vous fait hurler de peur quand vous y êtes ?
- Pourquoi se pousser dans l'eau alors ça vous fait autant crier ?
- pourquoi se lancer un ballon dan l'eau alors que c'est compliqué d'aller le chercher ?
- pourquoi sauter sur les gens alors que ça ne leur fait pas plaisir ?
Elle m'a demandé de prendre des cours particulier de natation. (Elle sait qu'il existe des cours collectifs, mais se sent plus à l'aise en particulier, du moins pour apprendre). Je pense qu'elle sait qu'en groupe, le prof s'attachera par définition au collectif, et que ses handicaps ne seront pas suffisamment pris en compte. ça sent le vécu... C'est pas politiquement correct de le dire, mais c'est l'exacte vérité.
Voilà ce que c'est de tout lui adapter, toute médaille a son revers.
Oui, mais tout revers a sa médaille : elle a beaucoup appris....
Je demande donc à 2 maitre nageurs échoués tels des lamantins sur leurs tabourets en hauteur (la fatique de zyeuter sans doute). On me répond que les cours particuliers ne sont pas envisageables, que ça doit ben exister quelque part mais on sait pas où, et que la notion de handicap les effleure parfois, mais en version collective.
Sous entendez, c'est plus rentable d'avoir un cheptel d'handicapé.
Et sur ce, leurs yeux lourds et fatiqués se sont déportés sur des sujets sains et intéressants : les enfants et les ados qui hurlent, se sautent dessus ect. et apprenent parfaitement bien à nager.
J'ai demandé à parler au directeur.
Qui a admis que jamais une telle demande n'avait été faite, mais qu'avec son "chef de bassin", il allait y réfléchir. Je ne demande un privilège, et je lui ai bien précisé que j'avais bien compris, pour pratiquer depuis longtemps, que cours particulier = plus cher (car il est notoire que nous, parents d'handicapés, avons un pouvoir d'achat bien supérieur à celui des parents normaux).
Au passage, à l'énoncé des handicaps de Lonesom'Girl, il a hoché la tête d'un air entendu en disant qu'en effet avec ces enfants là, il fallait explorer le sensoriel et les amener à appréhender leur corporalité (ou le contraire). Pas du tout j'ai dit, il faut juste lui apprendre à sauter dans l'eau, à nager la tête sous l'eau, voire à faire du crawl.
Pour le reste le ratio temps passé à des trucs inutile/prix de l'heure me semblerait nettement excessif, mais j'ai rien dit.
Depuis je me pose la question : Mais où sont les handicapés et leur parents de ma commune ? qui les représente dans les lieux publics ? qui donc parle à leur place ? Qui décide (en 2010...) , qu'ils n'auront droit qu'à des cours collectifs entre Zhandicapés ?
Demain, dès l'aube, les mêmes, avec les mêmes demandes, à l'accrobranche.... Je vous tiens au courant.
C'est pas les vacances pour tout le monde, car le crime point ne désempare.