japoniaiseries
La Petite Fille sait s'habiller seule, et ce depuis longtemps. Ce qu'elle ne sait pas, c'est :
- le pourquoi, c'est à dire accorder la pièce d'habillement à la météo
- le comment, c'est à dire l'accorder aussi à ses gouts, et aux usages en cours.
Ach.. L'art subtil et délicat... Le gout des belles choses qui vont bien ensemble... C'est un point qu'elle a en commun avec LePapa, qui prend très exactement la première chose qu'il trouve sur la pile, peu importe la taille-la couleur-la mode-l'année de fabrication-l'état. Si si, je fais des essais de temps en temps, juste pour rire, mais ça ne Le fait pas rire.
Un exemple : ce dimanche. (J'aime les dimanches, le temps est un allié).
La consigne était "choisis tes habits".
Evidemment, j'avais oublié de préciser pour quoi faire, j'ai donc retrouvé 5 mn après La Petite Fille en plein bug devant son armoire ouverte , en train de... ne rien faire.
Je reformule : "choisis des habits que tu veux mettre aujourd'hui".
Je reviens 10 minutes plus tard, les habits sont tous par terre, car elle ne connait pas ce geste (simple) de mettre une main à plat parallèle à un étage de l'armoire, de l'introduire dans cet axe sous le vêtement choisi de manière à le sélectionner, d'amener l'autre main placée identiquement en haut de la pile, de prendre ce tas, de le déposer sur le côté, de mettre de côté le vêtement, de remettre, mains toujours à l'identique, le tas de côté sur sa pile initiale.
Dit comme ça, c'est épuisant, et d'ailleurs La Petite Fille ne prend même pas la peine de m'écouter. Penser à écrire la consigne décomposée, voire à la dessiner.
Donc elle en prend quelques uns et les laisse tomber par terre. Elle semble vouloir enfiler un pantalon de pyjama, un jean, 2 pulls, pas de tee shirt, et pas de culotte. Je dois réexpliquer que quand on dit "choisis", cela veut dire qu'il faut choisir parmis une base toujours identique.
Aucune stratégie d'habillement du genre : "je vais mettre ce truc bleu parce qu'il va bien avec mon pantalon gris, et par dessus ce pull orange parce qu'il est doux, et chaud". Les vêtement sont appréciés avant tout par rapport à des critères épidermo-tactiles : (elle doit pouvoir repérer le devant d'une manière ou d'une autre- faciles à mettre et à enlever - pas de col roulé - pas de collants - pas de jupe - pas de soutien gorge - pas de matière qui font l'électricité ect).
Ceci dit, il faut quand même positiver, La Petite Fille n'est pas la seule à avoir des critères différents. L'Outlaw aussi a parfois une stratégie de choix vestimentaire qui n'a pas pour but de la mettre en valeur. Et c'est une aimable litote, ai-je pensé quand j'ai dû sortir avec elle qui était vêtue d'un pantacourt raccourci violet, d'une mini jupe à gros carreaux noir et blancs, de chaussettes hautes à rayures vertes-bleues-turquoises-rouges, de converses oranges et crades, d'un mini pull vert pomme par dessus un extra long tee shirt noir.
Ce jour là, nobody knows the trouble I felt, même si elle est de toute façon très belle. - "Les japonais n'ont qu'à bien se tenir", me disait ma collègue Natalie en voyant un échantillon de jeunitude identique à l'Outlaw passer cette nuit dans la rue.
je n'ose pas penser à ce qui traverse la tête des profs quand ils ont devant eux 3 rangées de 3ème du même bois. Bon, j'imagine qu'ils ont eux aussi des enfants.
Ce qui m'inquiète, c'est que l'Outlaw semble bien décidée à effectuer une seconde avec japonais en option.